Les PERRUCHES VERTES à COLLIER : Menace pour les oiseaux de nos villes ?

Une présence inhabituelle

Si vous habitez à Londres, Lille, Paris, Marseille, Toulouse, Roubaix, Nancy, vous avez sans doute un jour tendu l’oreille et levé la tête en découvrant une nuée d’oiseaux aux formes, cris et couleurs surprenants. Et pour cause, ces oiseaux aperçus sont sans doute verts, à longues queues et poussent des cris exotiques… Ce sont les perruches vertes à collier qui sont arrivées chez nous… depuis… les aéroports, dans les années 70 !

Exotique et importée

Cette espèce classée en tant que EEE : Espèce Exotique Envahissante ne s’est pas installée en Europe toute seule. Elle a été importée et libérée volontairement ou involontairement dans notre pays comme en Belgique et en Angleterre.

Environ 40 cm, entre 95 et 140 grammes, les perruches à collier, comme leurs cousines les conures veuves, sont bien plus grosses que les petits passereaux de nos villes.

Une grande faculté d’adaptation

Malgré nos températures assez fraîches, le climat européen leur plait beaucoup ! C’est vrai qu’on y mange bien et à volonté, il y a toujours de quoi casser la graine. Ces oiseaux, très intelligents, se sont fort bien acclimatés aux grandes agglomérations, où il fait plus chaud, au point que ces belles perruches sont passées d’une cinquantaine à leur arrivée à 1500 en 2009 puis à 7 ou 8000 en une dizaine d’années seulement dans le bassin parisien. Le parc de Seaux abritait à lui seul en 2019 plus de 90 nids.

Un bon coup de fourchette

Et pas difficiles en plus ! Baies, fruits, graines, céréales, bourgeons, fleurs, tout leur plait. Ce qui a déjà créé des dégâts dans des vergers et l’inquiétude des amoureux des oiseaux.

Une vie en communauté

Ces perrruches vertes citadines sont cavernicoles, elles ont une prédilection pour les trous dans les troncs des platanes et grâce à Napoléon 1er, des platanes, on n’en manque pas ! Grégaires, elles arrivent en masse. Impressionnantes, elles n’ont pas de mal à s’imposer et s’approprier les lieux de ponte de nos petits passereaux (moineaux, étourneauxsittelles et mésanges (charbonnières, bleues, nonnettes, noires) qu’elles agrandissent à leur dimension.

La perruche se reproduit peu et lentement, 3 à 4 œufs par an, mais elle a une belle longévité de 20 à 30 ans et surtout elle n’a pas de prédateur avéré, ce qui n’a pas freiné son développement.

Sa cousine, la conure verte, plus petite mais se développant aussi dans nos contrées, fabrique son nid avec des branches et des morceaux de bois qui peuvent former un amas parfois très lourd.

Exotique ou indésirable ?... Pourquoi une si mauvaise réputation

Saviez-vous que la tourterelle Turque n’existait pas en France il y a 100 ans ? Que le cygne de nos parcs est originaire d’Asie et qu’il a été introduit en Suisse au XIXe siècle? Que les chats viennent du Moyen-Orient et les faisans d’Asie, et que les châtaigniers sont Grecs alors que les mélèzes sont Japonais ? Comme un grand nombre d’espèces végétales, beaucoup d’espèces animales ont été introduites en France depuis le XVII siècle.

Aujourd’hui, si cette perruche est une « espèce invasive », elle n’est pourtant autant pas classée comme nuisible et aucun projet concret n’est mis en place pour en limiter le nombre. Selon le Ministère de la Transition écologique et solidaire : « à ce jour, aucune disparition d’espèce liée à la présence d’espèces exotiques envahissantes n’a été constatée en Europe ». Et la plupart des écosystèmes ont de grandes capacités d’accueil et de résilience.

Mais il est vrai que ces colonies s’agrandissent depuis plus de 40 ans, qu’elles s’imposent à nous et aux passereaux de nos parcs et jardins, qu’elles sont bruyantes et gourmandes et qu’elles occupent des lieux de nichage des oiseaux de nos villes… qu’elles transforment notre quotidien et qu’elles semblent envahir certaines agglomérations… Au détriment de nos oiseaux « indigènes »? Rien ne le prouve encore… Il semble même que les autres espèces s’adaptent à leur présence même si celle si est quelque peu encombrante. En revanche, pour lutter contre les idées fausses, elles ne tuent pas les passereaux (ce ne sont pas des rapaces!), ni ne les font fuir.

Mais quand une mauvaise réputation vous colle à la peau (ou à la plume) difficile de s’en défaire… Affaire à suivre.

Pour aller plus loin : Conseils : Nourrir ou ne pas nourrir les perruches à collier ?