Un jour d’automne, vous découvrez des invités très discrets venus se cacher de l’hiver dans un coin de votre cave, dans un interstice ou entre deux volets ou lames de plancher. Si quelques petites coccinelles rouges tranquillement agglutinées sont facilement délogeables (si c’est indispensable) pour être installées dans un autre endroit (où vous serez tranquille et elles confortables) en revanche de véritables colonies de coccinelles jaunes / orangées peuvent être… incommodantes !
Il existe environ 5 000 espèces de coccinelles sur toute la planète. On différencie les espèces en fonction de leur couleur et du nombre de points sur leur carapace (qui n’indique pas leur âge comme on l’a cru enfants !) Elles peuvent être de couleurs jaunes, orange, marron ou rouge et à points noirs, blancs ou rouges. Leurs points, jusqu’à 19, sont plus ou moins bien dessinés.
Des invitées qui font honneur au plat !
Celles que nous voyons depuis notre enfance sont les rouges avec 7 points si l’on habite en France et puis… Il y a les autres.
Les coccinelles jaunes-orangées (mais elles prennent aussi beaucoup d’autres colorations) ont été importées d’Asie il y a une quarantaine d’années, en vue d’études par l’INRA pour lutter de façon biologique contre les pucerons.
Cette variété de coccinelles était à haut potentiel pour nos cultures car elles s’avéraient être des prédatrices encore plus gourmandes que les rouges (90 à 270 pucerons avalés par jour ce n’est pas rien !).
Elles ont ainsi été étudiées puis implantées sur notre territoire où, depuis, elles sont très heureuses et toujours très voraces. Outre le fait d’être une grosse gourmande la coccinelle asiatique est aussi une grosse pondeuse (2500 larves pondues au cours d’une vie de 2 à 3 ans d’une femelle coccinelle).
Une petite tendance à s’incruster
Ces coccinelles ont donc été proposées comme pesticide biologique. Et comme il en a fallu beaucoup d'un coup... on a importé...Mais à partir de 2003 une arrivée clandestine par la Belgique de trop grosses quantités « d’Harmonia Axyridis » (c’est le nom de cette coccinelle), ainsi que d’autres importées en nombre des Etats-Unis ont envahi la France au point d’inquiéter les scientifiques.
Si la première variété implantée n’était pas envahissante (elle ne résistait pas à des hivers trop froids, et se déplaçait assez peu), les autres variétés ont été largement plus invasives. Voilà pourquoi vous découvrez depuis une trentaine d’années les cousines noires, jaunes, oranges ou beiges de nos coccinelles à 7 points (Coccinella septempunctata c’est son nom à elle).
La vraie personnalité de vos invitées… quand tombe le masque à pois !
- Les nouvelles venues sont grégaires (vivent en groupe) lors de l’hivernation, contrairement aux coccinelles rouges assez solitaires et discrètes.
Les amas énormes de plusieurs centaines de coccinelles qu’elles peuvent former au moment de l’hivernation ne sont en rien dangereux ou néfastes… juste impressionnants lorsqu’elles ont décidé de s’installer à l’angle du plafond de votre salon ! (voir article : Il y a des coccinelles dans mon nichoir, ma maison… que faire ?)
- Autre petit détail, un peu plus gênant, c’est leur « légère » tendance au cannibalisme…
Ces goulues adultes et même au stade larvaire, ne vont avoir aucun remords à dévorer leurs cousines.
Eh oui ces grosses coccinelles asiatiques ainsi que leurs larves peuvent, si l’envie les prend, dévorer les œufs des coccinelles rouges comme ceux des chrysopes et des syrphes (nos plus fidèles amis du jardin).… Jusqu’à devenir l’espèce dominante de votre jardin. Comme une petite impression de se faire avoir…
- Une étude de 2013 nous explique, de plus, que les coccinelles asiatiques sont porteuses saines d’un parasite, qui lui est mortel pour les autres coccinelles.
- Il semble aussi que les coccinelles asiatiques seraient néfastes pour les vignes françaises car, cachées dans les grains récoltés dont elles se nourrissent à l’automne quand il n’y a plus de pucerons, elles sont broyées en même temps que le raisin et vont « gâcher » le goût du vin.
Envahissantes, grégaires, cannibales et nocives… Les coccinelles asiatiques… l’histoire d’une lutte biologique qui a mal tourné et se retourne contre nous !